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Calcul retraite : quels revenus sont pris en compte ?

On a beau travailler dur toute sa vie, la façon dont chaque euro est comptabilisé pour la retraite reste un jeu de pistes où chaque règle change la donne. Les indemnités journalières de maladie, par exemple, ne pèsent rien dans le calcul du salaire annuel moyen, tandis qu’une prime exceptionnelle, du moment qu’elle figure sur la fiche de paie, vient grossir la base de calcul. Pour les salariés du privé, seuls les vingt-cinq plus hauts revenus cotisés sous le régime général sont retenus, et pas un de plus.

Face à l’éventail des revenus perçus, le tri s’impose : certains montants disparaissent du calcul, d’autres ne sont pris qu’à moitié, certains enfin pèsent de tout leur poids. Ce sont les statuts, les caisses et les règles d’affiliation qui dictent la partition, et tout cela finit par faire une sacrée différence sur le montant final de la pension.

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Comprendre les bases du calcul de la retraite

Derrière le calcul retraite, se cache un engrenage complexe qui ne tolère ni l’approximation ni l’oubli. Le montant de la pension est le fruit d’une équation stricte, appliquée par la sécurité sociale, organisée autour de trois repères majeurs : le salaire annuel moyen (SAM), le taux de la pension et la durée d’assurance en trimestres.

Pour mieux saisir comment cette mécanique fonctionne, examinons les différents paramètres pris en compte :

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  • Salaire annuel moyen (SAM) : il s’agit de la moyenne des 25 meilleures années de salaires bruts ayant ouvert droit à cotisation, revalorisée année après année. Ce montant est plafonné au plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS), fixé à 47 100 € pour 2025.
  • Taux de la pension : il atteint 50 % si la carrière est complète. Si le nombre de trimestres n’est pas atteint, chaque trimestre manquant entraîne une décote de 0,625 % (jusqu’à 20 trimestres). Ceux qui prolongent leur activité engrangent une surcote de 1,25 % par trimestre supplémentaire.
  • Durée d’assurance : exprimée en trimestres, elle varie selon votre année de naissance. Seuls les trimestres cotisés au régime général servent à obtenir le taux plein. Dans le cas contraire, la pension subit un coefficient de proratisation.

La pension de base ne fait pas cavalier seul : elle s’accompagne aussi d’une pension complémentaire, régie par des règles particulières. Pour les carrières modestes, le minimum contributif pose un seuil plancher. Tout s’orchestre autour de cette formule : Salaire annuel moyen × Taux × (Durée d’assurance / Durée d’assurance exigée). À chaque instant, le moindre trimestre manquant ou mal déclaré peut peser lourdement sur la future pension.

Quels revenus sont réellement pris en compte ?

Construire le salaire annuel moyen, c’est assembler un puzzle précis : seuls les revenus ayant donné lieu à des cotisations sociales entrent dans le calcul retraite. Sont retenus sans hésiter le salaire de base, les heures supplémentaires, l’essentiel des primes et les gratifications qui ont supporté des prélèvements obligatoires.

Les primes méritent plus qu’un simple détour. Dès lors qu’elles récompensent la performance, l’ancienneté ou le rendement et qu’elles ont été soumises à cotisation, elles participent à la détermination de la retraite. En revanche, toutes celles qui échappent à la cotisation, comme l’intéressement, la participation ou la prime de partage de valeur, restent à l’écart. Idem pour les primes de panier ou de télétravail : aucune trace dans la base du calcul.

Quelques exceptions subsistent, loin des automatismes : depuis 2012, les indemnités journalières de maternité sont intégrées à hauteur de 125 %. Les indemnités de congés payés s’ajoutent au calcul uniquement si elles ont permis de cotiser. Quant aux avantages en nature, logement de fonction, véhicule de société…,, seule la partie soumise à cotisation pèse réellement.

Chaque année, le compte individuel retraite recense de façon exhaustive les salaires bruts, primes et indemnités qui sont pris en compte. Les périodes non cotisées, absences ou certains revenus accessoires restent invisibles au radar. D’où l’absolue nécessité de vérifier, point par point, son relevé de carrière pour rectifier d’éventuelles erreurs sans délai.

Salarié, fonctionnaire, indépendant : des règles différentes selon votre statut

Le calcul retraite varie d’abord selon le régime dont vous dépendez. Pour la majorité des salariés du secteur privé, le régime général dicte les règles : la pension de base s’appuie sur la moyenne des 25 années les plus rémunératrices, à condition qu’elles aient été soumises à cotisation et dans la limite du plafond fixé. À ce socle s’ajoute une pension complémentaire calculée selon les points acquis pendant la carrière.

Les fonctionnaires, eux, suivent une logique bien différente : seul le traitement indiciaire brut des six derniers mois d’activité sert au calcul de la pension de base. Les primes et indemnités ne sont pas incluses dans ce calcul mais alimentent la retraite additionnelle de la fonction publique (RAFP), qui ne peut dépasser 20 % du traitement indiciaire. Ce fonctionnement creuse souvent un écart considérable avec le privé, où la plupart des éléments cotisés sont pris en compte.

Pour les travailleurs indépendants, artisans, commerçants, professions libérales,, tout a changé avec le passage sous la bannière du régime général. La retraite de base se calcule sur le même principe que pour les salariés : le revenu annuel moyen soumis à cotisation fait référence. Les régimes complémentaires, eux, restent spécifiques à chaque activité.

Enfin, ceux qui ont alterné plusieurs statuts et cotisé à différents régimes connaissent désormais la liquidation unique des retraites de base (LURA) : depuis 2017, une seule instruction de droits pour toutes les carrières relevant des régimes alignés. Cela apporte enfin de la clarté pour toutes les trajectoires professionnelles mouvementées.

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Simulations et conseils pratiques pour estimer votre future pension

Faire une simulation retraite s’impose pour ne pas avancer dans le brouillard. Les simulateurs publics permettent d’estimer son montant retraite en tenant compte de l’ensemble de ses revenus cotisés, trimestre par trimestre et régime par régime. Votre compte individuel retraite offre, chaque année, la version détaillée de votre carrière : salaires, trimestres validés, périodes de rupture ou changements de statut.

Il est judicieux d’essayer différents scénarios : partir dès l’âge légal, poursuivre une activité après l’âge légal, ou encore combiner emploi et retraite. Le simulateur se fonde sur la formule de calcul retraite : salaire annuel moyen, taux applicable selon la durée de cotisation et comparaison entre le nombre de trimestres validés et la durée théorique exigée. D’une simulation à l’autre, les effets d’une décote (0,625 % par trimestre manquant, jusqu’à 20) ou d’une surcote (1,25 % par trimestre supplémentaire) apparaissent sans filtre.

Pour tirer le meilleur parti de ces outils, il convient d’adopter quelques réflexes :

  • Contrôlez attentivement chaque année les salaires mentionnés dans votre relevé de carrière. La moindre anomalie doit être signalée rapidement à la caisse de retraite.
  • Pensez à ajouter vos pensions complémentaires dans le calcul pour avoir une vue d’ensemble fidèle de votre futur revenu.
  • Tenez compte des prélèvements sociaux qui s’appliqueront sur la pension brute, ces retenues varient selon le niveau de revenu.

Simuler différents choix permet d’identifier des leviers concrets : rachat de trimestres, prolongation d’activité, cumul emploi-retraite. Au final, c’est l’occasion de reprendre le contrôle et de mieux piloter sa future trajectoire. Quelques chiffres bien surveillés suffisent parfois à changer radicalement l’horizon entre la vie professionnelle et la retraite.

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